Analogues du GLP-1 : tout ce que vous devez savoir sur ce phénomène et son impact sur le secteur agroalimentaire !
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Qu’est-ce que c’est ?
Que sont les analogues du GLP-1 ?
Ozempic, Wegovy, Mounjaro… Ces noms ont fait une apparition remarquée dans les médias, les pharmacies et les réseaux sociaux. D’abord prescrits dans le cadre du traitement de diabète de type 2, ces médicaments, des analogues ou agonistes du GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1), sont aujourd’hui au cœur d’un phénomène mondial, tant médical que sociétal. En effet, leur indication dans le traitement de l’obésité est maintenant bien établie, leur efficacité dans la perte de poids a ouvert la voie à de nouveaux usages, parfois hors du cadre autorisé, suscitant un débat de fond sur leur encadrement.
Ces analogues sont des médicaments qui imitent l’action de l’hormone GLP-1 que l’on retrouve dans l’intestin, notamment après la prise alimentaire. On les retrouve la plupart du temps sous forme de solution injectable sous-cutanée quotidienne. Certains d’entre eux sont indiqués exclusivement pour le traitement du diabète de type 2 (Ozempic), d’autres exclusivement pour le traitement de l’obésité (Wegovy, autorisé en France depuis octobre 2024) et d’autres pour les deux intentions (Trulicity, Mounjaro, etc…).
Comment est prescrit le traitement et par qui ?
En France, le cadre réglementaire est plus strict qu’aux Etats-Unis : prescription médicale obligatoire, remboursement non autorisé1, et prévention sur les mésusages. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) insiste sur une prescription médicale encadrée ne pouvant être réalisée que par des médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition dans un premier temps. L’agence recommande d’ailleurs aux médecins de se conformer au parcours de soin de la Haute Autorité de Santé (HAS) et indique que ces médicaments doivent être utilisés uniquement en deuxième intention, en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique. A l’occasion de l’inauguration d’une extension de l’usine Novo Nordisk qui fabriquera notamment Wegovy, le ministère de la santé a exprimé ce 26 mai 2025 son souhait d’étendre la prescription des analogues du GLP-1 dans le cadre d’un traitement pour l’obésité aux médecins généralistes.2
Qui peut en bénéficier ?
Selon l’Assurance Maladie, en France, le traitement est réservé, en deuxième intention, aux adultes de moins de 65 ans en situation d’obésité sévère, c’est-à-dire ayant un indice de masse corporel (IMC) ≥ 35 kg/m², après échec des approches non médicamenteuses (prise en charge nutritionnelle, en association à un régime hypocalorique et à une activité physique).
Aux États-Unis, les indications sont plus larges, couvrant l’obésité et le surpoids (IMC≥30 kg/m² pour l’obésité et IMC≥27 kg/m² pour le surpoids avec au moins une comorbidité liée au poids (hypertension artérielle, diabète, etc..)).3
Qu’en est-il de la prévention ?
L’essor des analogues du GLP1 soulève une question de fond : le développement de ces traitements pharmacologiques risque-t-il de reléguer au second plan les politiques de prévention nutritionnelle ?
En France, la prévention reste un pilier de la politique de santé publique. Des plans comme le PNNS, des stratégies comme la SNANC, des mesures fiscales (taxe soda), ou des dispositifs de type Nutri-Score ont été déployés pour encourager une alimentation plus saine.
Néanmoins, il apparait intéressant de conclure que les deux approches, thérapeutique et préventive, ne s’opposent pas, elles se complètent. Le recours aux analogues du GLP-1 ne doit pas être perçu comme une alternative à une politique nutritionnelle ambitieuse, mais plutôt comme un outil parmi d’autres dans une réponse globale à l’épidémie d’obésité. La prévention reste essentielle pour limiter l’incidence des cas futurs, tandis que les traitements répondent à des situations déjà installées.
Quelle est la place de ces traitements aux Etats-Unis, où ils ont vu le jour ?
Aux États-Unis, ces traitements ont été autorisés pour la gestion du poids bien avant l’Europe. En effet, Wegovy a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine en juin 20214. Grâce à leur efficacité sur la perte de poids, ils ont suscité un fort engouement, amplifié par les réseaux sociaux et l’adhésion de célébrités. De ce fait, l’usage a explosé : les prescriptions chez les personnes obèses non diabétiques ont bondi de 21 000 en 2019 à plus de 174 000 en 2023 (+700 %).5 Une enquête du cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC) a montré qu’entre 8 et 10 % des Américains prenaient des analogues du GLP-1 à la fin de 2024, tandis que 30 à 35 % souhaitent les utiliser.6 En effet, environ 93 millions d’Américains, soit un tiers de la population adulte, seraient éligibles au traitement.7
Comment ça marche ?
Quels sont les modes d’action ?
Le GLP-1 est une hormone naturellement sécrétée par l’intestin après les repas. Son rôle principal est de stimuler la sécrétion d’insuline en réponse au glucose8, mais il influence aussi plusieurs fonctions clés de la digestion : il ralentit la vidange gastrique9 et envoie au cerveau des signaux de satiété10. En mimant cette hormone, les analogues du GLP-1 réduisent significativement la sensation de faim, tout en maintenant un bon contrôle glycémique.
Des études cliniques ont montré que certains patients sous Wegovy ou Ozempic pouvaient perdre en moyenne jusqu’à 15 % de leur poids corporel en quelques mois, en plus de préconisations alimentaires et d’activité physique. Les patients prenant Mounjaro pouvaient perdre jusqu’à 21% de leurs poids de base. Mais au-delà des chiffres, ce sont les comportements alimentaires qui changent : moindre appétit, dégoût pour certains aliments riches, voire désintérêt global pour la nourriture.11
Y-a-t-il des effets secondaires ? Quels sont les mésusages ?
Oui, il y a des effets secondaires à la prise des analogues du GLP-1. Ceux-ci sont principalement gastrointestinaux : nausées, vomissements, diarrhées, ballonnements, constipation. Ces effets semblent transitoires, d’intensité légère à modérée et surviennent principalement lors de l’instauration et de la montée en dose du traitement. Des cas de calcules biliaires ont également été relevés en cas de perte de poids rapide12. Chez les patients traités par analogues du GLP1, la perte d’appétit induite peut entraîner une diminution des apports nutritionnels. Cela expose certains à un risque de carences nutritionnelles, en particulier en macro et micronutriments essentiels. Il est donc important d’assurer un suivi régulier afin de surveiller l’état nutritionnel et de garantir une couverture adéquate des besoins. L’accompagnement par un professionnel de santé peut également permettre d’ajuster l’alimentation ou de proposer, si nécessaire, une complémentation ciblée.13
Au-delà des effets indésirables constatés, des dérives ont été observées notamment aux États-Unis ou au Royaume-Uni : usage chez les adolescents ou injections à visée esthétique chez des personnes n’étant pas en situation d’obésité ou de surpoids et n’ayant pas de problèmes de santé liés au poids. C’est notamment pour prévenir ces mésusages que le cadre réglementaire reste strict en France.
Que se passe-t-il après l’arrêt du traitement ?
L’arrêt des traitements entraîne très souvent une reprise du poids perdu. Une méta-analyse récente compilant les données de 44 études et de 6 essais cliniques révèle qu’en moyenne, la reprise de poids peut être estimé à un plateau de 75,6 % du poids après l’interruption du traitement, généralement sur une année. Après un an, seuls 40 % de la perte initiale sont maintenus en moyenne.
Ces résultats soulignent que les analogues du GLP1 ne constituent pas une solution ponctuelle. Pour préserver les bénéfices à long terme, un accompagnement médical, diététique, et comportemental est indispensable. Les professionnels de santé insistent sur l’importance d’un suivi rigoureux, d’autant que les signaux régulés par les GLP1 (appétit, satiété, vidange gastrique) cessent une fois le traitement arrêté, rendant les risques de rechute importants14.
Quels sont les enjeux que posent ces analogues pour les entreprises de l’agroalimentaire ?
- Quels impacts sur les comportements alimentaires et les habitudes de consommation ?
Ces traitements entraînent une perte d’appétit, une satiété précoce, voire un désintérêt pour la nourriture, en particulier pour les produits gras, sucrés ou ultra-transformés.15 À mesure que l’adoption de ces médicaments s’élargit, ces effets physiologiques se traduisent déjà par une baisse mesurable de la consommation, notamment aux Etats-Unis. Pour les entreprises agroalimentaires, ce phénomène des analogues du GLP1 n’est pas anodin et constitue un signal d’alerte. Cela pourrait à terme peser sur les volumes de ventes, en particulier dans les segments liés au snacking, aux produits gras et sucrés, ou aux boissons sucrées.
Plusieurs études convergent pour étayer ces conclusions. Les personnes sous traitement réduiraient leurs apports caloriques d’environ 20 à 30 %, entraînant une baisse des dépenses alimentaires estimée entre 5 et 30 % dans les mois suivant l’initiation du traitement. Ce recul touche en priorité les produits de snacking, les aliments “plaisir”, les boissons sucrées et l’alcool et les aliments ultra-transformés, soit des segments centraux de l’industrie agroalimentaire.
À long terme, ces tendances pourraient représenter des pertes économiques de plusieurs dizaines de milliards de dollars d’ici 2034 pour le secteur agroalimentaire américain.16,17,18,19
Autrement dit, dans la mesure où ces traitements vont se généraliser en France comme aux Etats-Unis, c’est tout un pan de l’offre agroalimentaire, celui axé sur le plaisir rapide et les produits transformés, qui pourrait voir ses volumes diminuer, obligeant les industriels et distributeurs à adapter leur stratégie d’innovation, de formulation et de marketing.
Quel impact sur l’offre alimentaire et l’innovation ?
Les analogues du GLP1 représentent bien plus qu’une révolution thérapeutique : ils bousculent en profondeur le rapport à l’alimentation. Pour l’industrie agroalimentaire, cet essor pose un double défi : s’adapter à des consommateurs qui mangent moins… tout en proposant une offre plus saine et fonctionnelle.
Dans les marchés anglo-saxons tels que les Etats-Unis, le Royaume-Unis ou l’Australie, où ces produits se sont généralisés en premier, certaines marques n’ont pas tardé à réagir. En 2024, Nestlé a lancé aux États-Unis la gamme Vital Pursuit, pensée pour les personnes sous analogues du GLP1 : portions réduites, riches en protéines, en fibres, en nutriments essentiels, faciles à digérer. Le message est clair : accompagner le changement plutôt que le subir. Il s’agit d’une gamme de plats préparés, retrouvés au rayon surgelé et également au rayon épicerie. Dans un article publié sur le site internet de Nestlé, le PDG de Nestlé Amérique du Nord affirme que « Face à l’augmentation constante du recours aux médicaments pour favoriser la perte de poids, nous voyons une opportunité de les accompagner. Vital Pursuit propose des options alimentaires accessibles et savoureuses qui répondent aux besoins des consommateurs de cette catégorie émergente »20.
Par ailleurs, le groupe australien Conagra Brands a également ajouté le tag « GLP-1 Friendly » sur 26 articles de sa gamme d’aliments surgelés Healthy Choice21. Celui-ci est conçu pour aider les consommateurs à identifier facilement les repas faibles en calories, riches en protéines et source de fibres.22
Cette tendance annonce une nouvelle ère pour le marketing et l’innovation produit : celle des aliments « GLP-1 Friendly ». Portés par la modification des comportements alimentaires, ces traitements obligent les industriels à repenser leurs offres. Il ne s’agit plus seulement d’innover sur des leviers fonctionnels santé (une tendance fortement évoquée dans notre étude annuelle le Baromètre de l’Innovation Alimentaire Mondiale ), mais bien de développer une nouvelle catégorie de produits adaptés à un appétit diminué mais aux besoins nutritionnels intacts voire augmentés. Cela ouvre la voie à une innovation centrée sur des produits à haute densité nutritionnelle, faciles à consommer, rassasiants et appétissants malgré des portions plus petites.
Ce tournant doit interpeler équipes R&D et innovation pour anticiper ces besoins émergents : formulation adaptée (protéines, fibres, micronutriments), formats pratiques, appétence préservée… tout en intégrant les contraintes de plaisir et de simplicité de consommation. C’est un nouveau territoire stratégique, à mi-chemin entre santé, fonctionnalité et désirabilité alimentaire.
En conclusion !
L’arrivée des traitements analogues du GLP1 représente une avancée majeure dans la prise en charge de l’obésité et du diabète mais ne doit pas être perçue comme une échappatoire aux efforts engagés dans la prévention et la qualité nutritionnelle. Bien au contraire, elle appelle les entreprises agroalimentaires à redoubler de vigilance. Car si ces médicaments modifient les comportements alimentaires, ils ne remplacent pas les actions de fond : éducation nutritionnelle, amélioration des recettes, lutte contre l’excès de sucre, de sel et de graisses saturées.
La responsabilité des marques est donc double. D’une part, ne pas relâcher les efforts de reformulation et d’engagements nutritionnels. D’autre part, innover pour accompagner ces nouveaux usages, adaptés
à des consommateurs ayant moins faim ou des besoins spécifiques.
Les analogues du GLP-1 sont appelés à rester un sujet clé dans les années à venir. Au-delà de la gestion du poids et du traitement de diabète de type 2, de nouvelles perspectives et travaux exploratoires voient le jour quant à l’indication de ces médicaments pour d’autres pathologies comme c’est le cas pour l’arthrose23, la maladie d’Alzheimer24 ou encore la maladie de Parkinson25.
Pour vous aider à décrypter ce phénomène et adapter votre stratégie, votre offre, ou votre communication, contactez nous à : ac.petitcol@proteinesxtc.com ou au 01 89 29 94 38

Manon Bonnot
Consultante Ingénieure chez ProtéinesXTC.
Eternelle enthousiaste, convaincue que bien manger est un acte de santé pour le corps et pour la planète, grande fan des combos sucrés-salés